Les Reporters

La Rumeur

Modalité : Jeu de rôle. Les enfants sont invité·es à inventer une rumeur et à la faire circuler dans le groupe-classe.

Objectif

Développer un regard critique sur les phénomènes de rumeur, de harcèlement, de bouc-émissaire, d’humiliation et sur les mésusages des réseaux sociaux

Points clé de l’animation
  • Relier la question des rumeurs à la vie de tous les jours
  • Rendre explicite qu’il s’agit d’un jeu de rôle. L’enjeu est de créer une situation qui donnera à réfléchir lors du débat en groupe-classe
  • Évidemment, l’activité est cadrée par l’adulte pour qu’elle ne porte préjudice à personne

  • Inventer une nouvelle suffisamment vraisemblable pour être crue, mais assez étonnante pour que d’autres aient le désir de la colporter
Conseils pour l’animation

Développer un regard critique sur les phénomènes de rumeur, de harcèlement, de bouc-émissaire, d’humiliation et sur les mésusages des réseaux sociaux

La violence verbale est facilement identifiable quand celle-ci prend la forme d’une attaque directe et fulgurante (insulte, menace, provocation), attaques qui installent un rapport de force explicite, généralement en vue d’obtenir la soumission, l’exclusion et/ou l’obéissance de l’interlocuteur·ice. Par contre, d’autres formes de violences verbales prennent des formes « indirectes » et sont beaucoup plus difficiles à identifier. 

Les rumeurs sont bien souvent doublement « indirectes » : d’abord parce que l’attaque contre la victime passe par des tiers, la rumeur visant à faire que le groupe désapprouve la victime, la disqualifie, la condamne, la culpabilise, lui fasse ressentir de la honte. Elle est aussi bien souvent « indirecte », parce qu’au contraire d’une insulte directe, elle peut prendre la forme d’une apparemment « bénigne », voir « honnête », d’une « plaisanterie » ou d’un « exposé » de faits embarrassants pour la victime. L’auteur·ice initial d’une rumeur pourra toujours se réfugier derrière le fait qu’il n’a fait que dire à d’autres ce qu’il pensait et qu’il n’est pas responsable du « succès » de ses propos. 

La rumeur fonctionne comme l’humiliation : elle implique toujours un minimum de trois personnes :

  • une personne qui attaque, par exemple en faisant une plaisanterie douteuse ou en répandant une calomnie, 
  • une victime 
  • et un tiers qui rit de la plaisanterie douteuse ou qui s’indigne des faits qui sont allégués. Le plus gênant pour la personne humiliée, c’est moins l’attaque que le fait que celle-ci ait fait rire les autres ou suscitée un scandale public. 

En se déplaçant sur les réseaux sociaux, en devenant cyberharcèlement, le nombre de rieurs ou de personnes indignées devient presque infini, ce qui ne peut qu’accroître le désarroi de la victime. La diffusion de la rumeur vaut condamnation de son être. Le numérique est un amplificateur. 

Dans le phénomène de la rumeur, les « tiers » sont aussi responsables que l’auteur·ice initial·e de la rumeur. 

Autre point fondamental : les rumeurs ne visent pas n’importe qui ! Certains enfants vont occuper une place de « Bouc émissaire », de cible privilégiée. Deux choses les caractérisent :

  • Ils·elles ne sont pas capables d’exercer des représailles efficaces contre les auteurs des rumeurs (ils sont plus faibles, plus isolés, plus vulnérables, appartiennent à un groupe minoritaire dans le groupe classe…)
  • Ils·elles sont désigné·es comme déviants par rapport au reste du groupe. Ils peuvent être directement accusés de « dévaloriser » le reste du groupe (ils·elle ne sont pas à la hauteur des exigences du groupe : ils se comportent « mal », n’ont pas les valeurs du groupe, sont mal habillés…). L’accusation peut être « indirecte », en invoquant le fait qu’ils se place plus haut que le reste du groupe (« fille trop belle », « trop bon·ne élève », « fait son intéressant·e »…). L’accusation peut être aussi qu’il·elle divise le groupe (crée·e des conflits, empêche le groupe de réaliser ses objectifs…). En somme, la rumeur dit que le groupe se porterait mieux si l’on se débarrassait de la victime. La rumeur est bien souvent l’indice d’un mal-être dans le groupe, qui cherche à s’unir contre un·e individu·e (le « bouc émissaire ») faute de pouvoir s’unir autour d’objectifs positifs.

La rumeur induit aussi des phénomènes de déformation et d’amplification. En circulant d’une personne à une autre, le message subit des déperditions (éléments dont l’importance n’est pas perçue par celui qui reçoit le message), des ajouts (invention d’éléments qui rendent plus « intéressant » ou plus « crédible » le message). 

Finalement, le message à faire passer est celui de la « maxime » de Papillagou : « Si j’entends une rumeur, je ne la répète pas, parce qu’elle fait des victimes ». 

Relier la question des rumeurs à la vie de tous les jours

Il est important dans le dialogue avec les élèves d’ouvrir le débat sur leurs expériences du phénomène de la rumeur (qu’en savent-ils·elles grâce aux médias et dans leurs vies personnelles et de classe ?) pour rendre concret la notion de rumeur.  

Au moment de la lecture de l’activité avec les enfants, il est possible de s’arrêter sur la petite histoire qui précède l’énoncé de la consigne. Il y est question de Reporters qui ne trouvent pas d’informations à publier et décident d’en inventer une. Les personnages des Reporters sont donc des filous, qui inventent des « fakes news ». Ceci peut donner lieu à un premier débat sur l’éthique du journalisme, sur le sensationnalisme (c’est-à-dire une manière de présenter les faits en vue de faire sensation, de provoquer des remous ou le scandale dans le public), sur les enjeux commerciaux liés à la presse (faire de l’audience pour avoir de la publicité) et sur les informations mensongères qui sont délivrées dans le but de manipuler ou tromper un auditoire. 

Rendre explicite qu’il s’agit d’un jeu de rôle.

Ce qui est proposé aux enfants, ce n’est pas d’inventer une « rumeur » (au sens de message qui porte tord), mais plutôt de faire un « canular » (une blague en répandant une nouvelle fantaisiste).  

Pour que les enfants parviennent à répandre dans le groupe-classe une nouvelle fantaisiste à même d’être colportée, il est important de soutenir la dimension imaginaire de la situation. L’action demandée aux enfants est moralement discutable, aussi, doit-on insister sur le fait que ce sont les personnages incarnés par les enfants (en l’occurrence les Reporters) qui répandent un mensonge. 

L’activité est cadrée par l’adulte pour qu’elle ne porte préjudice à personne

L’activité doit être cadrée de sorte que le canular ne porte tort à personne et qu’il ne soit pas source de tensions dans l’établissement scolaire (si la rumeur vise l’établissement - par exemple, en annonçant l’annulation d’une sortie -, il faut informer le personnel de l’établissement que des enfants viendront peut-être leur demander si cette information est vraie). 

Les enfants ne doivent commencer à répandre leur message qu’après l’avoir fait valider par le Poste central et le mieux est qu’ils ne commencent à le diffuser qu’au moment de la récréation, ainsi leur message aura moins de chance d’être relié au jeu.

Inventer une nouvelle suffisamment vraisemblable pour être crue, mais assez étonnante pour que d’autres aient le désir de la colporter

La tâche n’est pas simple : il faut qu’ils·elles inventent une nouvelle suffisamment vraisemblable pour être crue, mais assez étonnante pour inspirer à d’autres le désir de la colporter. L’activité exige qu’ils soient convaincants (garder son sérieux, énoncer le message avec assurance). Cette situation de jeu permet de développer un regard critique sur les procédés de manipulation (utilisation d’argument d’autorité, construire un récit qui part de choses vraies auxquelles on ajoute des choses fausses…).  

Le plus souvent les rumeurs portent sur le jeu (quelque chose à gagner à la fin du jeu), sur l’un·e des adultes lié·es à l’activité (telle animatrice est la sœur d’une célébrité), sur un évènement exceptionnel (une équipe de télévision doit venir au collège). 

Les Reporters

Activité 1 - La Rumeur

Nous avons été débarqués au camp de base. Pour faire croire au SOLARIS que nous sommes de vrais « … », il faut que nous nous intéressions à des événements extraordinaires. Mais, sur SOLARIS, il ne se passe rien. Nous avons bien aperçu des gens étranges qui mangent une nourriture invisible, mais cela ne fait pas de bonnes images pour la télé. Nous nous disons qu’il faut créer nous-mêmes l’événement. Et pour cela, nous répandons la rumeur que Papillagou va donner un concert à l’occasion de la fête des planètes.

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Pour cette étape, votre tâche consiste à faire en sorte que le maximum de gens croit à quelque chose que vous aurez inventé.

Une fois que vous vous serez mis d’accord, commencez à raconter votre histoire à vos camarades.

Racontez-la discrètement. Comme si c’était un secret qui n’a rien à voir avec le jeu.

Voici la nouvelle que nous allons annoncer :

En résumé, qu’est-ce qu’une rumeur ?