Les Cosmographes

Gérer la colère

Modalité : Groupe de parole. Les enfants sont invités à réagir face à différentes manières de se conduire et de réagir lorsqu’on est en colère ainsi qu’à rechercher ce qui peut les apaiser.

Objectifs
  •  Développer la capacité à anticiper sur les conséquences des emportements
  • Apprendre à gérer ses émotions
  • Apprendre à exprimer son besoin d’être reconnu·e sans recourir à la violence

 

Points clé de l’animation
  •  Aider les enfants à identifier leur mode de fonctionnement lorsqu’ils·elles sont en proie à la colère

  • Échanger avec les autres pour comprendre le point de vue de chacun·e et accepter la controverse

  • Leur faire identifier ce que leur choix peut provoquer chez les autres

     

Conseils pour l’animation

Expliciter la consigne

L’activité propose divers comportements possibles dans une situation qui nous met en colère (par exemple : insulter cette personne ; se réconforter en mangeant ou en buvant quelque chose ; casser ou taper dans quelque chose, etc.). L’intitulé de la consigne consiste à décider si, lorsque l’on est en colère, « on peut » faire telle ou telle chose, en maintenant l’ambiguïté du mot « pouvoir » qui peut exprimer une « potentialité » comme une « autorisation à » (c’est aux enfants de décider comment ils·elles entendent ce « on peut », l’accompagnateur·rice se contentant de demander d’éventuelles précisions). La consigne de décision par « consensus » est suspendue, car chacun·e, selon son tempérament ne réagit pas de la même manière à une situation qui met en colère et l’enjeu principal de la séance est d’aider chacun·e des enfants à repérer son mode de réaction à une situation qui fait émerger sa colère. 

Définir le mot « colère »

L’accompagnateur·rice doit tout d’abord clarifier le mot « colère » en invitant les enfants à mobiliser leur mémoire émotionnelle avec des questions comme « qu’est-ce qui vous met en colère ? », « comment vous sentez-vous –physiquement, psychologiquement - quand vous êtes en colère ? », etc. Puis, il doit proposer une définition de la colère (qui n’est pas la même chose que la haine ou la jalousie). Aristote définit ainsi la colère : « la colère sera un désir, accompagné de peine, de se venger ostensiblement d'une marque de mépris manifesté à notre égard, ou à l'égard de ce qui dépend de nous [les personnes qui nous sont proches] ». La colère est, d’une part, une émotion contradictoire : l’homme en colère est, simultanément, en souffrance et dans une affirmation puissante de lui-même (désir de se venger dans un avenir indéterminé). Sa « peine » et son désir de vengeance semblent s’entrechoquer en lui et bouleverser son corps (crispation, respiration rapide, accélération cardiaque, suée, fébrilité…) et son expression (ton de voix élevé, débit de parole rapide et/ou saccadé, tendance à bafouiller, démarche précipitée...). D’autre part, une émotion causée par une situation (un sentiment d’injustice ou d’être méprisé que l’on ressent, à tort ou à raison ; une situation de privation, de frustration, de trahison…). 

 

Questionner plutôt qu’affirmer

Quand un·e enfant affirme que dans telle situation, « on peut » agir de telle ou telle manière, il·elle peut être invité·e à raconter une anecdote relative à une situation qui l’a poussé·e à agir de cette manière.

Les réponses des enfants doivent être questionnées :

Par exemple, à l’enfant qui répond que l’on peut « insulter cette personne », il convient de lui demander si insulter lui apporte la satisfaction d’un « défoulement », ou bien insulter s’impose-t-il à lui·elle dans un contexte où les autres pourraient se moquer s’il·elle ne ripostait pas à une humiliation, et quels sont les conséquences possibles de cet emportement ? 

À l’enfant qui répond que l’on peut « exprimer calmement à cette personne que je suis en colère et lui expliquer les faits qui me mettent dans cet état », on peut lui demander comment il·elle trouve la force d’avoir une colère « froide », une colère qui lui permet conserver ses facultés d’élocution et de réflexion ? Sait-il·elle prendre un temps, ne pas réagir à chaud, marquer un temps avant de dire les choses ?

À l’enfant qui répond que l’on peut « se réconforter en mangeant ou en buvant quelque chose » on pourra demander quels aliments et boissons ont sur lui·elle ces vertus apaisantes ?

À l’enfant qui répond que l’on peut « casser ou taper dans quelque chose » on pourra l’interroger sur les dommages pour soi et autrui qui peuvent résulter de cet emportement et s’il·elle sait limiter la casse ? 

À l’enfant qui répond que l’on peut « faire intervenir un·e grand·e pour qu’il·elle aille frapper la personne en question », on demandera s’il·elle mesure les conséquences des « vendetta » où la violence s’étend des individus en conflit aux groupes (groupes familiaux, d’amis, de quartiers) ?

À l’enfant qui répond que l’on peut « pleurer », on pourra demander en quoi les larmes l’apaisent et s’il·elle s’autorise à pleurer en public ?

À l’enfant qui répond que l’on peut « analyser si la personne avait l’intention de me mettre en colère ou… Non » on peut demander s’il est facile de prendre du recul, de marquer un temps d’arrêt pour prendre le temps de réfléchir, notamment pour éviter d’entrer en conflit suite à un malentendu, un quiproquo, une broutille. 

À l’enfant qui répond que l’on peut « oublier et pardonner », on peut demander quelles sont les vertus de l’oubli (ne pas rester dans le ressentiment) et du pardon (marquer que l’on est capable d’être au-dessus du conflit), mais quels peuvent être les dommages (par exemple, passer pour un·e lâche) ?

À l’enfant qui répond que l’on peut « maltraiter quelqu’un qui n’a rien à voir avec la situation (quelqu’un de plus faible que moi) » on pourra demander si cette conduite est morale ?

À l’enfant qui répond que l’on peut « se changer les idées en faisant quelque chose qu’on aime », on pourra demander quelles sont les activités qui lui permettent de s’apaiser (jouer, courir, écouter de la musique, se coucher pour se relaxer, s’isoler…).

 

Aider les enfants à identifier leur mode de fonctionnement dans une situation qui les met en colère et les compétences qu’ils mettent en œuvre pour la réguler

L’enjeu du questionnement est de permettre à l’accompagnateur·rice de renvoyer à chaque enfant comment chacun·e en enclin·e à réagir dans le contexte d’une situation qui génère sa colère. 

L’accompagnateur·rice doit aider les enfants à identifier que si chacun·e réagit de manière différente, nous pouvons tous·tes développer notre capacité à nous abstenir de réagir à chaud, à prendre le temps de réfléchir avant de répondre, à ne pas se laisser emporter par ses émotions ou par la pression des autres, à trouver des activités qui nous procurent un apaisement. Acquérir de telles capacités est plus ou moins simple pour chacun·e d’entre nous. 

Les questions doivent aussi permettre de développer leur capacité d’empathie et de décentrement : comment réagissez-vous quand quelqu’un·e vous adresse sa colère ? Considérez-vous seulement qu’il·elle vous agresse, ou prenez-vous en compte le fait qu’il est peut-être aussi en peine, que vous l’avez peut-être déçu·e, qu’il·elle aura peut-être perçu votre manière de faire comme blessante ? Qu’il y a aussi d’autres compétences à acquérir comme le fait de se mettre à la place de l’autre, savoir s’excuser si on a été blessant·e, savoir trouver des compromis quand on est en conflit.

Les Cosmographes

Activité 4 – Gérer la Colère

Parvenus au camp de base de Jupiter, nous trouvons étrange que SOLARIS ait découvert notre identité de « … ». Nous nous demandons qui a bien pu nous trahir. Nous avons la haine et nous nous accusons les uns les autres. Certains pensent que le traître est peut-être sur la terre et qu’il veut faire des expériences en nous exposant à des dangers. Tout à coup, le générateur d’oxygène du camp de base tombe en panne, il faut très vite le réparer. Pour cela, tout le monde doit se calmer de toute urgence pour se mettre au travail.

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Vous allez réfléchir à ce qui se passe lorsqu’on est en colère contre une personne, aux conséquences possibles, et aux meilleurs remèdes contre la colère.

Mettez une croix sur le point qui vous convient.

Si vous n’arrivez pas à vous mettre tous d’accord, vous pouvez donner plusieurs réponses en utilisant chacun une couleur différente.

Quand on est en colère, on peut…
Insulter cette personne
Exprimer calmement à cette personne que je suis en colère et lui expliquer les faits qui me mettent dans cet état
Se réconforter en mangeant ou en buvant quelque chose
Casser ou taper dans quelque chose
Faire intervenir un(e) grand(e) pour qu’il (elle) aille frapper la personne en question
Analyser si la personne avait l’intention de me mettre en colère ou… Non
Oublier et pardonner
Maltraiter quelqu’un qui n’a rien à voir avec la situation (quelqu’un de plus faible que moi)
Se changer les idées en faisant quelque chose qu’on aime

En résumé, s’il peut exister plusieurs manières de gérer sa colère, lesquelles ne sont pas bonnes ?  et pourquoi ?