Le voyage sur Solaris
Le conte et les conseils pour l’animation
Le texte du conte :
Vous venez, en l’espace d’une seconde, de vous transporter jusqu’à l’année 2492, soit, très exactement, 1000 ans après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb.
Nous voici à une époque où les téléphones n’existent plus, car ils ont été directement intégrés dans les cerveaux. Il vous suffit de penser à la personne que vous voulez contacter et vous êtes directement mis en lien avec elle. Les robots et androïdes ont remplacé les ordinateurs, les voitures ne roulent plus mais volent, les vacances à la mer ont été remplacées par les vacances sur la lune, Mars ou Neptune… Les hommes disposent d’une technologie tellement perfectionnée qu’ils peuvent voyager à la vitesse de la lumière.
Récemment 4 équipes de cosmonautes ont été envoyées dans l’espace pour explorer une planète inconnue, la planète Solaris. Hélas, cette expédition a tourné à la catastrophe. Les membres des équipages ont débarqué sur SOLARIS mais tous ont disparu.
Tous, à l’exception du jeune Mamadou K, qui était monté clandestinement dans l’un des astronefs parce qu’il rêvait de découvrir les étoiles.
À son retour sur terre, une enquête a été menée. Grâce aux vidéos, aux enregistrements des appareils et au témoignage de Mamadou K, les enquêteurs sont parvenus à reconstituer ce qui s’était passé.
En examinant les bandes vidéo, ils constatèrent que les membres des Équipages avaient eu des hallucinations : ils s’imaginaient avoir reçu le prix Nobel, être devenus de grands footballeurs, ou bien, on les voyait porter des cuillères vides à leur bouche, tout en ayant l’air de se régaler de mets succulents. Ils imaginaient aussi qu’ils étaient entourés de leur famille ou d’amis, alors que ceux-ci étaient, au même moment, sur la Terre.
Les équipages restèrent prisonniers de leurs rêves et le jour du départ personne n’était au rendez-vous, à l’exception de Mamadou K.
Pourquoi avait-il réussi à revenir sur terre ?
Les enquêteurs découvrirent que Mamadou K avait utilisé un faux nom pour passer inaperçu pendant son séjour sur SOLARIS. Ils découvrirent aussi que SOLARIS était une planète étrange, car c’était un immense être vivant, une sorte de cerveau gigantesque. Puis, ils comprirent que pour SOLARIS, le nom d’une personne était une sorte de clé qui lui permettait d’entrer dans les cerveaux et d’ouvrir les portes de leurs consciences. C’était d’autant plus facile que les hommes avaient des puces téléphoniques directement intégrées à leur cerveau !
En découvrant ce qui plaisait le plus à chacun, le SOLARIS fabriquait des rêves afin d’attirer vers lui, et à tout jamais, les hommes qui le visitaient.
Comme Mamadou K avait utilisé un faux nom pour se dissimuler, le SOLARIS n’était parvenu qu’à lui envoyer des petits rêves sans danger, si bien que l’enfant était resté libre et avait pu se rendre au rendez-vous pour prendre l’astronef du voyage de retour.
Une autre chose a retenu l’attention des enquêteurs : Mamadou K leur parla de la présence d’une chose mal identifiée. Il appelait cette chose « Papillagou ». Les équipages avaient laissé des notes sur ce « Papillagou ». Certains écrivaient qu’il était bon, d’autres qu’il était colérique, qu’il pouvait se transformer en toutes sortes de choses, ou encore qu’il était dangereux… ou généreux.
Grâce à cette enquête, les hommes ont pu programmer une nouvelle expédition vers SOLARIS et ils ont choisi votre classe pour mener à bien la « Mission Papillagou ».
L’expédition n’est pas sans danger, c’est pourquoi vous devrez respecter scrupuleusement les consignes de sécurité.
Elles sont au nombre de 3.
La première, c’est de tenir secret un nom qui sera donné à votre groupe. Ce faux nom sera un leurre pour le SOLARIS.
La seconde consigne est, au sein de votre groupe, de toujours prendre vos décisions par consensus. Il ne faut jamais dire, « moi je veux ça », car cela donnerait des indices au SOLARIS sur qui vous êtes vraiment.
La troisième consigne requiert qu’il vous faudra, lorsque vous croisez un autre groupe, être très prudents. Vous ne pouvez savoir si ce sont des voyageurs comme vous ou si ce sont des rêves envoyés par le SOLARIS. Alors, soyez polis avec les autres voyageurs, acceptez de faire ce qu’ils vous demandent si leurs demandes vous paraissent raisonnables, mais surtout restez prudents.
Si vous respectez ces consignes, il vous sera facile d’accomplir votre mission, à savoir ramener le plus d’informations possible sur Papillagou et la planète SOLARIS.
La Terre vous souhaite bonne chance et l’humanité est fière que vous ayez accepté cette grande mission.
Maintenant nous allons nous diriger vers les plateformes de lancement.
Nous vous demandons de nous suivre et de laisser sur place vos cartables pour ne pas être trop encombrés durant le voyage !
Conseils pour l’animation :
- Avoir en tête la fonction de l’imaginaire dans l’outil de prévention
- Expliciter le mot « Consensus », notion centrale dans Papillagou
- Soigner la lecture
Avoir en tête la fonction de l’imaginaire dans l’outil de prévention
L’imaginaire est tout d’abord un moyen de faire un pas de côté, de mettre à distance la vie quotidienne : il va permettre à l’enfant de donner son point de vue sans avoir à énoncer explicitement qu’il parle de lui-même. Par exemple, il pourra dire « notre personnage pourrait dire cela, faire cela… »).
La capacité des enfants à entrer dans un espace imaginaire est aussi un bon indicateur de leur bien-être (un enfant qui joue est un enfant qui va bien, un enfant qui refuse le jeu témoigne d’un mal-être). Accepter d’entrer dans un monde imaginaire témoigne d’une capacité à percevoir la réalité comme pouvant être autre que ce qu’elle est. Des enfants qui ont l’espoir qu’une autre vie est possible accèdent plus facilement à l’imaginaire que des enfants persuadés qu’il n’y a pas d’avenir ou que l’avenir est inquiétant. La capacité des enfants à comprendre le conte et à le restituer avec leurs propres mots est aussi un bon indicateur de leurs compétences cognitives.
Expliciter le mot « Consensus », notion centrale dans Papillagou
Le conte utilise au moins un mot souvent inconnu des enfants, le mot « consensus », qui désigne qui fait accord, entre différents points de vue. La notion de consensus est centrale dans Mission Papillagou, chaque équipe devant le plus souvent prendre leurs décisions par consensus et, par conséquent, en passant des compromis.
En fonction du niveau scolaire des enfants, d’autres mots peuvent ne pas être compris ou connus. Pour s’assurer que les enfants ont bien compris le conte, il est pertinent de leur demander de qu’ils en ont compris et qu’ils le résument avec leurs propres mots.
Soigner la lecture
L’adulte qui lira le conte doit l’avoir répété. Elle doit prendre son temps pour lire, et ne pas craindre de ponctuer sa lecture avec des silences, car ceux-ci créent des effets de suspense qui retiennent l’attention de l’auditeur·ice.