Les Pilotes
Les Avantages des Enfants et des Grands
Modalité : Débat. Les enfants sont invité·es à réfléchir sur les avantages de l’enfance et de la vie d’adulte.
Mettre en évidence ce qui est positif dans l’enfance
- Aider les enfants à valoriser les avantages de l’enfance.
- Développer le sentiment qu'il faut prendre le temps de grandir, ne pas s'engager dans des expériences face auxquelles on ne se sent pas prêt.
Mettre en discussion les représentations que les enfants ont de l’enfance et de l’âge adulte.
La préadolescence est un temps charnière entre l’enfance et l’adolescence. L’enfant reste très attaché·e à sa cellule familiale tout en s’identifiant aux adolescent·es en quête d’autonomie. Lorsque les enfants sont interrogé·es sur les avantages de l’enfance, ils·elles font ressortir ce qu’ils·elles perçoivent comme de véritables avantages (les vacances, le temps passé à jouer, l’imagination et la créativité, les amitiés, les câlins), mais ils·elles mettent aussi en avant l’école (comme lieu de sociabilité, comme lieu d’apprentissage et d’ouverture sur le monde, comme lieu qui leur confère une identité différente que celle que leur confère leur lien d’appartenance familiale). Ils·elles mettent aussi en avant des « avantages » qui traduisent les inquiétudes que leur inspire le monde des adultes, notamment quand ils·elles mettent en avant l’insouciance (c’est particulièrement vrai chez les enfants qui sont témoins des difficultés socio-économiques de leurs parents) ou l’innocence (c’est particulièrement vrai chez les enfants qui perçoivent la dureté de certains rapports sociaux et affectifs, dureté qui altère le mythe enfantin que les adultes sont plutôt des bonnes personnes qui veillent sur eux). Les avantages de l’âge adulte généralement évoqués sont en lien avec l’autonomie matérielle (argent, travail), la mobilité (voiture) et la libre disposition de son temps libre (les sorties, les horaires de coucher).
Clarifier la notion d’autonomie
L’autonomie n’est pas la « liberté », mais le droit de se régir soi-même à partir de ses propres règles (étymologiquement : auto – soi ; nomos – règles), règles que l’on se fixe soi-même à partir de sa propre expérience.
Identifier les risques à vouloir grandir trop vite
Désirer être « comme les grands » est un désir normal, surtout pour des préadolescent·es exposé·es aux « modèles » adolescents valorisés par les réseaux sociaux, la téléréalité, le discours « jeuniste ». Mais désirer être « comme les grands » et l’autonomie sont deux choses différentes ! Le préadolescent s’expose, en reproduisant les conduites – les « modèles d’inconduites » - des adolescent·es à des situations qu’il·elle ne pourra gérer et à des dommages face auxquels il·elle sera très vulnérable. On sait, par exemple, que les consommations très précoces de substances psychoactives ont de graves conséquences (la provocation d’un mineur à l’usage de stupéfiant est d’ailleurs punie de 5 ans d’emprisonnement et 100 000 € d’amende et la provocation à un usage excessif d’alcool est puni de 2 ans de prison et 100 000 € d’amende). Les entrées précoces dans la sexualité peuvent aussi exposer à des situations à risque (la loi interdit d’ailleurs les relations sexuelles entre un·e mineur·e de moins de 15 ans et un·e majeur·e, même s’il n’y a pas de violence, car le consentement du mineur n’est pas reconnu comme valable – l’atteinte sexuelle sur un mineur de quinze ans est puni de sept ans d'emprisonnement et de 100 000 € d'amende).
Clarifier la question de la responsabilité pénale
Il arrive que des enfants mettent en avant que l’un des avantages de l’enfance serait l’impunité, l’irresponsabilité devant la loi. Il faut accueillir ce type de propos comme très important, car cela signifie que les enfants veulent vérifier la véracité de propos qu’ils ont entendu, le plus souvent dans la bouche de dealers qui recrutent des enfants ou de personnes de leur entourage. Des précisions doivent être apportées : tous les enfants capables de discernement sont pénalement responsables des crimes, délits ou contraventions dont ils ont été reconnus coupables. Mais la société ne voit aucun avantage à enfermer les enfants dans des prisons. Pour les mineurs de moins de 10 ans, seules les mesures éducatives peuvent être prononcées par le juge des enfants ou le tribunal pour enfants, et cela peut consister dans des mesures de placement dans des centres de protection de l’enfance ou des mesures d’accompagnement éducatif. À partir de 10 ans des sanctions éducatives peuvent être prises (par exemple des rappels à la loi devant le juge ou des mesures de réparation), mais là encore on évitera l’enferment. Mais les sanctions sont inscrites au casier judiciaire. À partir de 13 ans le mineur encourt des poursuites pénales (notamment des amendes, voire des peines de prison) et il·elle peut être mis en garde à vue. L'excuse atténuante de minorité fera que la peine maximale encourue sera deux fois moindre de celle qui pourrait être prononcée contre un·e adulte. De 16 à 18 ans, les délinquants multirécidivistes se voient écarter automatiquement l'excuse atténuante de minorité et ils·elles encourent les mêmes peines que les adultes. Le juge peut également écarter l'atténuation s’il y a des circonstances particulièrement graves (par exemple des actes de cruautés, des viols en réunion) et si la personnalité du·de la mineur·e le justifie. Nombre de jeunes pensent que ces mesures sont très rarement appliquées et c’est aussi ce qu’ils·elles entendent dans les médias. Il faut insister sur le fait que si la société évite de mettre ses enfants en prison, il faut prendre très au sérieux les mesures prononcées par les juges. Les amendes qui sont prononcées pourront être recouvrées plus tard quand le jeune touchera ses premiers salaires. Si les sanctions éducatives comme les mesures de réparation ne sont pas appliquées, les délits ne seront ne seront pas effacés du casier judiciaire à la majorité. Tous les actes illicites contribuent à un « marquage pénal » qui peut placer le·la jeune, une fois devenu majeur·e, en position d’être considéré·e comme un « récidiviste » et de subir une peine plus lourde. Le fait de ne pas avoir un casier judiciaire vierge est un handicap pour s’insérer socialement (métier de la fonction publique, une condamnation pour violence ou vol vous empêche d’être agent de sécurité, une condamnation pour vol d'être caissier·e dans un magasin...).